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Le Chiendent
24 septembre 2010

Commission Bastarache Vingt stylos, vingt

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Vingt stylos, vingt anecdotes

L’ex-ministre Bellemare émeut le commissaire

 

Serge-Jean Charles

QUÉBEC — À la suite de la vive controverse soulevée par l’emploi successif de trois stylos pour rédiger des notes au dos d’une tablette de papier en 2004, l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare a fait la preuve irréfutable ce matin, à la Commission d’enquête sur le processus de nomination des juges du Québec, qu’un étui pouvait contenir plus d’un crayon. Ainsi, près de deux heures se sont écoulées entre le moment où il a fait glisser la fermeture éclair de l’étui en question et celui où il a déposé sur la table devant lui le vingtième stylo qui s’y trouvait. 

Des heures qui ont sans aucun doute ravivé l’intérêt d’une bonne partie de l’assistance. C’est d’ailleurs avec un grand souci du détail et une franche éloquence que Me Bellemare a raconté l’histoire de chaque stylo, sans exception. «Mon frère m’a offert [ce stylo Bic] lors d’un souper familial. [...] Je m’en suis servi pour noter des choses lors du repas et après… peut-être même le jour suivant ou le surlendemain. [...] Je ne pourrais pas jurer [que le crayon] était neuf à ce moment», a déclaré M. Bellemare, de toute évidence habité par un souvenir heureux.

L’audience a pris une tournure plus émotive encore au moment où Me Bellemare a relaté l’histoire du neuvième crayon, laquelle n’a pas laissé l'ex-juge Bastarache indifférent. D’apprendre que le stylo de couleur rouge avait été acheté par M. Bellemare lui-même, il y a plus ou moins huit ans, à un jeune enfant qui allait de porte en porte afin de recueillir des fonds pour le Parti libéral du Québec, l’a visiblement ému. «Il rêvait de devenir juge… comme vous, Michel», a laissé tomber Me Bellemare. Il n’en fallait pas plus pour que le commissaire fonde en larmes.

Au cours de l’audience, l'avocate du gouvernement du Québec Me Suzanne Côté est sortie de ses gonds à plusieurs reprises pour faire cesser cet étalage «d'anecdotes savoureuses» et  «de manipulation émotive odieuse» sans pour autant obtenir l’appui de l'ex-juge Bastarache. «Les contribuables paient le gros prix pour cette commission, ils ont donc droit à toute l’information pertinente», a tranché le commissaire, avant d’inviter de nouveau l’ex-ministre à poursuivre son exposé.

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Près d’une heure trente après le début de l’audience, M. Bellemare s'est du coup emballé : «J'ai dû me servir de celui-là [le stylo] une centaine de fois! […] Et il reste encore de l’encre!» Doutant de la véracité de l’affirmation de l’ex-ministre, et soutenu par la méfiance de Me Côté, Michel Bastarache a réquisitionné le stylo afin de vérifier par lui-même s’il écrivait toujours, comme le prétendait Me Bellemare. Il semble que cette vérification l’ait plus que satisfait, contrairement à Me Côté, qui a relevé une «luminescence inconstante».

Par ailleurs, l’expert de Bureau en Gros n’a pu déterminer ni la marque du stylo, ni sa provenance, ni son degré de luminescence supposément fluctuant. Mais il a tenu à préciser que la résistance de l’étui, et sa grande capacité de contenance, était uniquement attribuable au fait qu’il vient de l’entreprise pour laquelle il travaille.

Les audiences de la commission Bastarache reprendront demain, après une journée forte en révélations, qui ont certes permis de faire progresser les travaux afin de faire toute la lumière sur le processus de nomination des juges du Québec. 

 

 

 

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